Entre l’idée et la chose, se perdre en chemin

François Mathieu

Exposition - Galerie & bureaux

11 juillet 2014 - 10 août 2014

C’est pourtant bien la toute première chose que dessine un bébé, quand on lui met un crayon dans les mains : un ballon, quelque chose de rond. Ce doit être une balle, peut-être, un grain de sable, sinon une planète : l’être, surgi de sa main.

La question me suit dans l’atelier : comment réaliser, en vrai et dans l’espace, la chose du monde la plus facile à dessiner? Cette fois, pour mieux faire, c’est au compas que je tracerai un cercle sur un papier. À l’échelle, ou pas. Et cette sphère que je devine là sur le plan, parce que j’y ai tourné en rond, est-elle capable d’exister un peu plus fort qu’avant? Essayons donc de construire n’importe quoi qui soit sphérique. Matériellement parlant.

Il faudra prendre le temps d’observer un peu partout par quelle structure tiennent ensemble les balles de neige, les ballons, les dômes, les carapaces de tortues, les écailles de noix : matières agglutinées, puis compactées en boule, armatures couvertes de matière souple, membrane emprisonnant une pression d’air. L’on se rend alors compte que de construire en rond est bien plus difficile que de faire carré.

Et c’est sans compter la sculpture.

La sculpture prodigue tant de délicieux détours, en débordement de ce qu’il y a à en dire. La résistance des matériaux, le rapport au corps ainsi que la gravité, sont des constantes qui, du poétique, mènent au littéral. Souvent, l’impossible s’y trouve célébré, un impossible non entièrement résolu. La sculpture apporte du vrai, elle résiste à tout ce qui n’est pas matériel. C’est pendant l’action, quand ça fait mal un peu, et même après, quand la poussière retombe tranquillement, qu’elle nous fait rêver.

 

 

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François Mathieu

Artiste

Pour lui, bricoler veut dire faire les choses au présent, parce que le plaisir vient de là. De son atelier sortent des objets petits ou grands, des témoins semblant exister pour dire d’où ils viennent puis raconter ce qui s’est passé en cours de chemin. Au final, ses œuvres sont des compagnons de voyage.

Il mène ses expériences en sculpture mais aussi par l’écriture et la photographie. Il s’intéresse à l’architecture des formes et aux modalités de leur mise en matière. Faisant honneur à la sensualité des matériaux bruts et du travail manuel, ses travaux mettent en cause le processus comme principale destination.

Détenteur d’un baccalauréat en philosophie, d’un autre en arts plastiques et d’une maîtrise en études québécoises, François Mathieu se consacre à la création depuis une trentaine d’années. Ayant à son actif plusieurs réalisations d’art public dans tous genres d’environnements, il a aussi présenté de nombreuses expositions au Canada, au Mexique et en Belgique. Originaire de St-Éphrem en Beauce, François Mathieu vit et travaille en milieu rural, à St-Sylvestre de Lotbinière.