Lapsus de survie

Une brèche. Une sortie d’urgence. Une porte dans le langage, un trou dans le discours. Une faille dans la mémoire. Le temps percé de mille puits de lumière. La fissure par laquelle le sable se rend jusqu’à l’engrenage. La plaie où naît la gangrène. Pour guérir le mal par le malencontreux, le banal par la bacchanale, la routine par la poutine. Pour trouver l’erreur, la gaucherie, pour s’accrocher aux aspérités. Pour éviter le flot de l’ordinaire, pour sauter à pieds joints dans la marge. Pour prendre le large, pour élargir l’horizon. Pour dépasser les limites. Pour s’approprier le dehors, l’en-dehors, l’au-delà. Pour ôter les œillères qui dirigent nos trajectoires. Pour ouvrir nos yeux immenses noyés dans la fange. Pour remonter à la surface, mettre au jour. Pour révéler le caché, fêter l’accident. Pour trouver ce qu’on ne cherche pas. Pour survivre.